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Les Spectacles de Ia Foire.
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moyens pour emprunter et fe HSérer, il a voulu encore faire obliger la plaignante pour le refte de fés dettes, ce qu'elle n'a voulu faire. Ce qu'ayant vu, étant pouffé par une particulière de la Comédie, qui eft d'intrigue avec lui, ce qui eft public, ils ont concerté de maltraiter la plaignante; ct, pour cet effet, ayant été prié de fouper, le lundi io du préfent mois de novembre, par le ficur Dcftouches (i), il mena fa femme, fon beau-frère (2), et fa fœur avec lui, ct après avoir foupé tous enfemble, ledit Baron étant obligé d'aller Ie lendemain à Marli pour parler avec le duc de la Trimouille, il auroit prié le ficur Dcftouches de lui prêter un cheval, ce qu'il lui accorda, même un palfrenier pour le conduire, et le retint à coucher. A l'égard de ladite plaignante, le beau-frère et la feeur dc Boiron, ils s'en retournèrent enfemble dans la maifon où ils logeoient rue des Quatre-Vents. En partant, ledit Boiron les obligea de revenir le lendemain fouper avec lui chez ledit fleur Deftouches, où il devoit revenir de Marli. La plaignante étant venue le lendemain, onze du mois dc novembre, jour de Saint-Martin, avec Ie beau-frère et la feeur dudit Boiron chez ledit fleur Deftouches,-ils auroient trouvé ledit Boiron qui étoit revenu de Marli ; et ayant tous foupé enfemble, ledit Boiron dit à fa femme qu'il avoit un mot à lui dire, et la tira dans le jardin dudit Deftouches, où étant, il lui dit plufieurs injures et lui donna deux foufflets. Elle n'ofa fe plaindre au fujet de la compagnie et du défordre que cela auroit pu caufer. Elle fe retira chez elle avec le beau-frère et la feeur dudit Boiron, lequel Boiron vint peu de tems après, et étant entré dans la chambre de la plaignante, il ferma la porte, la prit à la gorge et lui donna plufieurs coups de pied et de poing, ce qui caufa un grand bruit auquel accoururent le beaufrère et la feeur dudit Boiron qui le preffèrent d'ouvrir la porte; ce qu'il re-fufa de faire. Entendant les violences dudit Boiron augmenter, ils enfoncèrent la porte et tirèrent la plaignante de fés mains. Le jeudi fuivant, 13 dudit mois dc novembre, Boiron envoya prier fon beau-frère ct fa feeur de venir fouper avée lui à la Comédie, où il étoit, et d'y mener la plaignante. Et y étant allés, croyant que c'étoit dans un efprit de retour et de repentir d'avoir maltraité la plaignante ; au contraire, elle ne fut pas plutôt entrée qu'il commença par fés juremens et fés emportemens ordinaires, lui donna deux foufflets en préfence de fon beau-frère et dc fa feeur, et il courut à fon épée pour encore plus maltraiter la plaignante qui fe trouva réduite à fe retirer pour éviter fa fureur. Ajoute qu'au mois de feptembre dernier, en revenant de la foire Saint-Laurent avec le beau-frère et la feeur dudit Boiron et un particulier, et entrant à la Comédie croyant fouper à l'ordinaire avec fon mari, qui y étoit en retraite, l'ayant trouvé en compagnie de plufieurs perfonnes et demandant fi elle pouvoit fouper avec eux, ledit Boiron, continuant toujours
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(1) Le Destouches dont il est question ici n'est pas l'auteur du Glorieux, Philippe-Néricault Destouches, mais bien Andrc-Cardinni Destouches, surintendant de la musique du roi.
(2) Le beau-frere d'Etienne Boiron etait Jacques Gaye, ordinaire de la musique du roi et valet de chambre ordinaire de la duchesse de Bourgogne, qui, le 37 juin 1701, s'était uni avec Catherine Boiron cn l'église Saint-Benoit.
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